« Le fils d’Œnée, Méléagre, le tua, après avoir fait venir de maintes villes des chasseurs et des chiens, car un petit nombre d’hommes n’auraient pas eu raison de cette bête, tant elle était énorme ; elle avait fait monter déjà bien des mortels sur le triste bûcher. »
(Homère, l’Iliade, Chant IX, 141. Trad. de M. Meunier, 1943)
La villa romaine de Salar est située dans la municipalité du même nom, dans la région du Poniente Granadino. Elle se trouve près de la voie de communication la plus importante de la province, la rivière Genil, à côté de laquelle passait la route qui reliait la ville d’Iliberris aux villes de la vallée fertile du Guadalquivir.
Les fouilles archéologiques menées de manière discontinue entre 2006 et 2013 puis de façon plus régulière à compter de 2016 ont révélé un important secteur de la pars urbana, à savoir de la demeure du propriétaire, ainsi qu’un riche domaine agricole, dont une grande partie reste encore à découvrir. Quand bien même le potentiel historique et archéologique encore abrité dans ce sous-sol est à ce stade difficilement mesurable avec précision, il peut déjà être qualifié de formidable.
Intégrée dans ce que l’on nomme communément Villa de Peristilo (Villa au péristyle), cette résidence rurale, construite au IVe siècle (sur les fondations d’un bâtiment antérieur datant du premier quart du 1er siècle après J.-C.), s’articule autour d’un grand peristylum ou cour centrale ouverte, quadrangulaire, paysagée, au centre duquel se trouve un bassin ou une fontaine monumentale. Bordée de quatre rangées de collonnades, elles permettaient la circulation et l’accès aux différents espaces de la batisse qui s’ouvraient sur la cour centrale à l’instar du triclinium-nymphée, de la salle voûtée ou des pièces CE-10, CE-11 et CE-12. Abandonnée par ses propriétaires au milieu du Ve siècle, elle fut rapidement réoccupée par des familles modestes. Débuta alors une période de réutilisation des espaces et de pillage des matériaux qui prit fin au cours de la première moitié du VIe siècle. La villa fut dès lors définitivement abandonnée.
Le programme décoratif complet ornant les pièces dédiées à la résidence du dominius de la villa romaine de Salar, composé de sculptures, de peintures murales, de plinthes en marbre coloré, de mosaïques murales ainsi que de sols en mosaïques, est révélateur du pouvoir économique et de la position sociale éminente de ses habitants, bien que nous n’ayons pas encore pu préciser davantage ces aspects.
La villa romaine de Salar est, à l’heure actuelle, présentée comme l’une des plus importantes découvertes récentes relative à la période romaine dans toute la péninsule ibérique. Si elle peut être comparée à toutes les villas de l’Empire romain, la bonne conservation de ses structures et leur spectacularité (soulignons, entre autres, ses belles mosaïques figuratives polychromes à l’instar de celle de la chasse aristocratique) la placent parmi le fleuron des villas romaines de tout l’Hispanie.
