Uillae Hispaniarum

Les villas romaines d’Hispania

« Qu’est-ce qu’une villa, lui dit-il, o
ù l’on ne trouve ni la décoration
d’une maison de ville, ni l’attirail
des travaux de la campagne ? »
(Varron, « Res Rusticae », III, 2, 9. Trad. de M. Nisard, 1877)

Au cours des deux derniers siècles de l’Empire, la richesse et la prosperité de l’aristocratie romaine atteignent des niveaux sans précédent. L’opulence de ces résidences rurales, les villas, résulte vraisemblablement de cette conjoncture. Bien que présentes en Hispanie depuis le changement d’ère, elles consistent désormais en de véritables ensembles de domaines ruraux ayant une double fonction : lieux de résidence et d’exploitation agricole.

L’importance de la villa réside dans le fait que la terre constitue le fondement de l’économie romaine. Elle assied ainsi tant le prestige social que le pouvoir politique de son propriétaire. Les loisirs et les affaires sont les deux faces d’une seule et même pièce. La résidence rurale témoigne de la position économique de son propriétaire tout en offrant à ce dernier un lieu de retraite et de loisir, loin de la ville, où il peut cultiver tant ses loisirs que ses relations sociales.

S’il n’existe pas deux villas identiques, toutes aspirent à être construites sous des auspices favorables : un climat propice, de l’eau en abondance, un emplacement approprié et des terres fertiles. Du point de vue de leur organisation spatiale, nous distinguons  la pars urbana soit la zone résidentielle, la pars rustica dédiée à l’activité agricole et enfin la pars fructuaria qui sert à la transformation et au stockage des produits agricoles ou issus de l’élevage.

C’est toutefois dans la zone résidentielle que le seigneur affiche sa position. Le luxe des logements est un indicateur de la concurrence au sein de l’artistocratie. Mosaïques figuratives et géométriques, portiques de colonnes et chapiteaux, collections de statues, peintures, scénographies représentées sur les rideaux et les tapis, décors en marbre, petit mobilier en ivoire et argent.

La quantité, l’ampleur et la décoration des espaces publics et privés de l’habitation doivent correspondre au rang et aux responsabilités politiques et sociales de l’aristocrate. De grandes cours paysagées, une salle de réception, des chambres, des bains privés avec circuit thermal, des salles à manger pour les banquets, des bureaux et des bibliothèques, un monde dédié à l’autoreprésentation et au faste, construit sur la considérable différence entre l’honorable et l’humble, entre le riche et le pauvre.

Toutefois, le monde des uillae de la fin de l’Empire est en profonde mutation culturelle, religieuse, économique et politique. Cette manière de vivre était donc vouée à disparaître. Les villas changèrent de physionomie et d’usage. Certaines furent définitivement abandonnées. D’autres se voyaient occupées par de nouveaux résidants lesquels, parfois, étaient ceux-là même qui avaient autrefois cultivé ces terres sous l’autorité du seigneur. Les nouveaux habitants occupaient désormais la zone résidentielle n’ayant d’autre préoccupation que leur survie. Tandis que la Rome éternelle s’évanouit, une nouvelle ère s’instaure.

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